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La planète s'invite dans la campagne


22 septembre 2018, Montréal. À une semaine des élections, des milliers de personnes se rassemblent dans la rue pour exiger que la protection de l'environnement occupe une place centrale dans le programme de tous les partis.

Véronique Côté nous lit le manifeste de « Nous voulons des coquelicots »: « Nous ne reconnaissons plus notre pays. La nature y est défigurée. Le tiers des oiseaux ont disparu en quinze ans; la moitié des papillons en vingt ans; les abeilles et les pollinisateurs meurent par milliards; les grenouilles et les sauterelles semblent comme évanouies ; les fleurs sauvages deviennent rares. Ce monde qui s’efface est le nôtre et chaque couleur qui succombe, chaque lumière qui s’éteint est une douleur définitive.»

Les dérèglements climatiques, tout comme les pesticides, participent à cette disparition progressive de toutes ces choses qui participent à la beauté fragile du monde.

Mais il reste tant de choses à sauver - tant de choses que nous aimons.

Nous aussi, nous voulons des coquelicots.

Nous voulons de l’asclépiade et des églantines, de la monarde et de l’agastache, des tournesols, des lilas, des lupins et des pissenlits.

Nous voulons des jardins. Nous voulons plus de jardins que de stationnements.

Nous voulons des abeilles, des monarques, des bélugas, des baleines noires qui s’entendent chanter.

Nous voulons des saisons.

Nous voulons de la neige en hiver à Montréal, de la pluie en été dans le Bas-du-Fleuve pour que le foin puisse y pousser, et des grands vents qui passent sans se transformer en tornade sur nos vies.

Nous voulons que la grande entreprise et les gouvernements laissent les dernières zones de forêt boréale vierge tranquille, nous voulons que le Nord ainsi que tous ceux qui l’habitent soient protégés, nous voulons du pergélisol, des banquises qui tiennent le coup, et des hardes de caribous forestiers qui puissent se refaire une santé pour nous apprendre comment survivre.

Nous voulons de l’eau qui se boit et de l’air qui se respire. Nous voulons que le Saint-Laurent soit protégé pour vrai - c’est le premier endroit de ce pays dont on devrait déclarer la souveraineté. Ce fleuve est notre seul roi.

Nous voulons des politiciens braves, qui n’ont pas peur de se mouiller, et qui mesurent l’étendue et la gravité de leur responsabilité actuelle et future.

Notre exigence ne se termine pas le 1er octobre: elle prend effet dès le lendemain matin. Nous nous lâcherons pas le morceau.

Nous voulons une transition économique et écologique réelle, et nous voulons qu’elle commence au jour 1 du mandat de ceux qui formeront le prochain gouvernement.

Nous voulons des gestes forts. Nous voulons des actes. Nous voulons de la droiture, et du courage.

Nous voulons des coquelicots. Nous voulons des enfants. Et nous voulons leur laisser une planète qui sera encore habitable après nous.

Parce que l’espoir est la seule posture possible dans les circonstances, nous choisissons de prendre pour la vie, et de faire, comme le dit si bien le grand Hubert Reeves « comme si nous allions gagner ».

Nous voulons un avenir.

Nous voulons que la vie gagne.

Nous allons tout faire pour.

Le 1er octobre, soyons lumineux dans la noirceur de notre époque. Soyons courageux: soyons solidaires.

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